Des moments magiques!

Publié le par marion.isoard

Lorsque je suis en déplacement dans les programmes de parrainage, il ne se passe pas 10 minutes sans que je me dise "Marion, tu as une chance de dingue de vivre tout ça!" La vie est incroyablement belle, faite de pleins de moments qui valent de l'or, que j'espère garder en tête le plus longtemps possible.

Ici, les instants les plus magiques sont toujours les plus simples...

La plupart d'entre eux ne sont pas racontables, on ne peut les comprendre qu'en les vivant, mais j'essaierai tout de même de vous en faire partager quelques uns.

Les deux heures que j'ai passé avec la famille Cabusas il y a quelques jours font partie de ces moments pleins de simplicité, qui vous donnent la patate pour une semaine!

Rosemay
, 16 ans, est parrainée depuis bientôt 4 ans, elle est venu me chercher un soir devant la maison des soeurs chez qui je dors lorsque je vais dans ce village (à 4h de Butuan). Pleine d'entrain, elle m'a demandé "Ate, ate, do you want to visit my family now?" Mais bien sûr que je veux!
Rosemay est responsable de l'association des éléves de son école, c'est elle qui prend en charge l'organisation de tous les événements, elle est toujours à fond, pas timide pour un sou, et surmotivée dans la vie! Elle veut devenir professeur.


Sur le chemin, nous croisons son meilleur ami (lui aussi parrainé par Enfants du Mékong), plus réservé, et secretement amoureux d'elle (hihi!), il se joint à nous. Deux ou trois ruelles plus loin, dans ce petit village de pêcheurs, nous arrivons chez Rosemay.
Je découvre alors une famille adorable, unie, qui chante, rigole, des parents que l'on sent complices et prêts à soulever des montagnes pour le bonheur de leurs 5 enfants. On se présente, j'essaie de discuter un peu avec mes quelques mots de visayas, on rit, on rit beaucoup! Ils me réclament une chanson, je leur offre une comptine maladroite, la petite soeur s'y met, mais elle, chante vraiment bien! Puis j'essaie de les suivre sur l'hymne philippin! Vient ensuite l'heure des dessins, et des photos, l'occasion de grands éclats de rire comme d'habitude!




















Les petites soeurs de Rosemay, 6 et 9 ans, deux petites puces surexcitées, l'une chante, l'autre dessine, elles ne me lâchent plus. Trop choupettes!





Mais au bout d'un moment la maman me dit qu'elle a honte parce qu'elle n'a rien à m'offrir à manger. En effet, toute cette joie me faisait presque oublier la pauvreté de la famille, oui car ils sont trés pauvres les Cabusas. Ils sont sept à dormir dans cette toute petite maison qui penche bien plus que la Tour de Pise... Rosemay me dit en riant que la nuit ils font du toboggan quand ils dorment (en effet le plancher est complètement en pente), toujours cette manière de rire de ce qui est triste. Enfin ça c'est quand ils dorment car plusieurs fois par mois, avant de pouvoir se coucher, ils doivent attendre debout que le niveau de l'eau qui a englouti le plancher veuille bien baisser. Remarque vu l'énormité des trous du plancher il n'y a pas de problème d'évacuation! Construire une nouvelle maison ne couterait pas plus de 300 euros, mais ça n'est pas avec les quelques pesos que parviennent à rapporter irrégulièrement  le père et le frére pécheurs, qu'ils pourront le faire. Ce soir d'ailleurs ils ne dineront pas. Il y aurait bien ce cochon à manger, mais c'est l'unique richesse de la famille et ils le gardent précieusement pour fêter l'obtention du diplôme de Rosemay, dans 4 ans. Car Rosemay est la seule qui fera des études. Grâce à son parrain dont l'aide permet de prendre en charge ses frais de scolarité, ses uniformes, et son repas du midi, les parents de Rosemay peuvent nourrir les deux petites soeurs encore à la maison, prendre soin du grand-père, imaginer un avenir correct pour leur fille, et continuer à avoir confiance en la vie.


La petite dernière sur les genoux, je regarde cette famille (et les voisins qui sont tous agglutinés à l'entrée!), et j'ai envie de dire mille fois merci à ce parrain dont la photo est punaisée au milieu des quelques photos de famille et les médailles de première de la classe de Rosemay. Sans lui Rosemay ne fera pas d'étude, elle aurait d'ailleurs déjà certainement arrêté l'école pour trouver un petit boulot quelconque, et surtout elle ne pourrait pas envisager de venir en aide à la famille dans quelques années et qui sait peut être construire une maison avec un plancher plat!


La photo du parrain sur le mur principal de la maison.

Pfiou il fait chaud ce soir, mais quel bonheur! Ce que je retiendrais de cette soirée, c'est surtout la transpiration d'amour, de joie et de simplicité de cette famille! Un papa pécheur avec la peau rougie par le soleil, tout comme son fils (18 ans) qui est en mer dans sa barque depuis une semaine, une maman un peu boulotte qui a accroché des petits rideaux aux fenêtres de sa bicoque, un grand père qui parle trois mots d'anglais, une grande soeur mariée qui habite maintenant dans la famille de son mari et trois soeurs complices, toujours en train de rire, trés bonnes élèves, qui ont bien compris l'importance d'aller à l'école!

Le temps passe, je dois rentrer. Aprés que la maman m'ai dit qu'elle avait honte de me montrer sa maison toute cassée, que la petite soeur m'ai rendu mon carnet dans lequel elle a fait un joli dessin, et que le père m'ai pris la main en me disant "Salamat kaau para imou tabang." (= Merci beaucoup pour votre aide), je suis rentrée avec une petite soeur agrippée à chaque main, et rassurant Rosemay sur le fait qu'on allait essayer de la faire venir au foyer de Butuan l'année prochaine, pour qu'elle puisse étudier dans une université correcte, et soulager ses parents des frais de la vie quotidienne.














                                      
                    La famille SOURIRE!


























                                                  Rosemay et ses copines -->


"Ate, you know, when my parents had only one child, they were living in a grotta on an island! It's was always wet and cold during the night."
.....



Ce soir là chez les soeurs, j'aurais du mal à avaler le bon repas qu'elles m'ont préparé sachant que quelques rues plus loin, la famille Cabusas va se coucher le ventre vide sur son plancher en pente...

...et ça c'est l'éternel dilemne du bambou, mais j'en parlerai plus tard.

Publié dans MISSION BAMBOU

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G
Salut marion,<br /> tes textes et photos me font réver, philippines, mais aussi vietnam avec Danang ou j'ai quand meme passé pres de 20 jours, tu dois trop kiffer, tes récits sont envoutants, profite, deja 3 mois, ca passe tellement vite!<br /> Je t embrasse
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S
C'est avec beaucoup d'émotion et de bonheur que je pars rejoindre Morphée ce soir après la lecture de tes derniers écrits. <br /> C'est touchant, marquant, on a envie de pleurer et de rire aussi, génial le coup du tunnel sous la Manche.<br /> Ce que tu nous fais partager est simplement merveilleux.<br /> Je t'adore pour tout tout ce que tu es.<br /> Steph
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